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Blog de professeur-documentaliste, activités en collège et littérature jeunesse

Cap! ô Capes Doc

Les passeurs de livres de Daraya - Une bibliothèque en Syrie

Les passeurs de livres de Daraya - Une bibliothèque en Syrie

Les Passeurs de livres de Daraya - Une bibliothèque secrète en Syrie
Delphine Minoui
Seuil - 2017

Résumé
De 2012 à 2016, la banlieue rebelle de Daraya a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années de descente aux enfers, rythmées par les bombardements au baril d’explosifs, les attaques au gaz chimique, la soumission par la faim. Face à la violence du régime de Bachar al-Assad, une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens a fait le pari insolite d’exhumer des milliers d’ouvrages ensevelis sous les ruines pour les rassembler dans une bibliothèque clandestine, calfeutrée dans un sous-sol de la ville.

Leur résistance par les livres est une allégorie : celle du refus absolu de toute forme de domination politique ou religieuse. Elle incarne cette troisième voix, entre Damas et Daech, née des manifestations pacifiques du début du soulèvement anti-Assad de 2011, que la guerre menace aujourd'hui d'étouffer. Ce récit, fruit d'une correspondance menée par Skype entre une journaliste française et ces activistes insoumis, est un hymne à la liberté individuelle, à la tolérance et au pouvoir de la littérature.

Mon avis : Une incroyable histoire, pleine de force, de courage, de tristesse et d'espoir. C'est poignant, triste et beau. Un document que tout le monde devrait lire. 

En quatre ans d'encerclement forcé, Bachar al-Assad s'est acharné à défigurer la ville. A brûler ses champs. A rendre illisible son paysage. A vider les phrases de leur dernière syllabe. Mais je le dis que, quoi qu'il advienne, ces jeunes héros syriens ont une histoire impérissable à partager. Face aux destructions infligées par les bombes, ils n'ont pas seulement sauvé des livres. Ils ont bâti des mots. Ériger des syntaxes. Jour et nuit, ils n'ont jamais cessé de croire en la vertu de la parole. A son invincibilité. Ils ont rompu le silence, relancer le récit. Construit un langage de paix.

Avec leurs ouvrages, leurs slogans, leurs revues, leurs graffitis et leurs créations littéraires, ils ont résisté jusqu'au bout à la métrique militaire, inventé une autre cadence que celle des coups de canon. La laideur de la guerre surpassée par le verbe. Un mémorial de mots, sans domicile fixe, pour la génération d'après.

Les livres, ces armes d'instruction massive qui font trembler les tyrans.

Dans ce sas de liberté qu'ils se sont créé, la lecture est leur nouveau socle. Ils lisent pour sonder le passé occulté. Ils lisent pour s'instruire. Pour éviter la démence. Pour s'évader. Les livres, un exutoire. Une mélodie de mots contre le diktat des bombes. La lecture, ce modeste geste d'humanité qui les rattache à l'espoir fou d'un retour à la paix.

A l'ombre de la guerre, les phrases peuvent de nouveau vibrer. Elles sont la marque du temps qui reste quand tout est condamné à disparaître. Elles frémissent de tous ces mots, ceux de la sagesse, de l'espoir, de la science, de la philosophie, qui résistent à la poudre d'explosif.

Parfaitement ordonnés et classés sur les étagères, les mots sont solides, ils tiennent debout, triomphants, résistants, vaillants, crédibles, empreints de vérité. Ils offrent des pistes de réflexion, des torrents d'idées, des histoires pour s'échapper. Le monde entier à portée de main.

Une bibliothèque universelle, en temps de paix, comme de guerre.

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